Crest

Première incursion dans la vallée de la Drôme

Nous avons séjourné à Crest du 27 mai jusqu’au 10 juin 2018 — c’est notre troisième mois d’itinérance. Nous y retournerons en décembre, puis à la fin janvier 2019. Prochains épisodes à venir.

Crest, on y va parce qu’on nous en a parlé avant même qu’on quitte Londres. Ce qui nous a intrigué : le fablab et son imprimante 3D céramique, un tiers-lieu qui fait parler de lui et trois ami·es qui habitent dans les parages.

Cette destination, c’est aussi un questionnement qui nous poursuit : est-ce qu’on se sentirait de vivre hors d’une grande ville ? Si nos tripes semblent dire “oui”, qu’en est-il en pratique ? Qu’est-ce qui se cache, sous le vernis ?

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Notre première “petite ville”

Aucun de nous deux n’étions déjà allés dans la Drôme. Crest, nous l’avions à peine aperçue lors de trajets en train sur la ligne TGV entre Valence et Avignon. Nous n’en connaissions que sa tour à flanc de montagne.

Quand le train s’arrête en gare de Crest, l’horizon a déjà bien rétréci, engoncé entre deux crêtes montagneuses. Au loin, nous apercevons les Trois Becs, le paysage signature de ce bout de la vallée de la Drôme. Nous entendons la rivière s’écouler à proximité et les innombrables oiseaux. La nature nous accueille.

C’est notre première étape dans une “petite ville”. Noémie a vécu à Paris et Londres, Thomas à Toulouse, Bordeaux et Londres. Tout de suite, 8000 habitants sonne comme une inconnue. C’est facile de faire le tour (!) de la ville, d’arpenter les ruelles et de croiser des gens qu’on connaît — ça rassure et fait peur en même temps. Parmi les premières interrogations qui nous assaillent, l’ennui de tourner en rond, la difficulté de faire un trajet sans refuser une conversation.

Thomas apprécie la vue et la tranquilité — ça se rapproche beaucoup de la vision de sa journée idéale, de vivre au rythme du soleil, avec une vue sur du vert. Noémie se pose davantage de questions, sur le travail, les ami·es et l’échelle de la ville.

Toits crestois

Festin végétal au marché local

Nous découvrons le marché de Crest un mardi. Un jour où il est en version réduite mais déjà bien fourni en produits de qualité. Tout ce qu’on voit nous fait envie, les légumes sont beaux, les maraîchers et producteurs sont nombreux (il y a peu de revendeurs) et enclins à discuter.

On redécouvrira ce marché le samedi. Les ruelles piétonnes sont remplies d’étals, de locaux et de touristes. Je pense qu’on y redécouvre le goût des tomates, des variétés et des formes que je n’avais que trop peu vu après 5 années de vie en Angleterre.

Le marché, c’est le moment où tu croises nombre de personnes que tu connais. Un café, un verre ou une partie de jeux de société chez ArchiJeux.

Un saut au marché du dimanche de Saillans confirme un peu plus la richesse de la région en terme de production alimentaire : fruits, légumes et viandes.

Clocher et ciel contrasté

Notre phare : l’Usine Vivante

L’Usine Vivante est un tiers-lieu qu’on nous avait recommandé d’aller rencontrer. On nous avait vanté son mode d’(auto-)organisation et une chouette atmosphère qui nous plairait sûrement.

On tombe dessus en déambulant dans la ville. On toque à la porte et… on nous dit que le lieu n’est pas ouvert au public, et on nous invite à revenir le jour de la visite mensuelle. Ah… Notre déception tient au fait que nous nous étions habitué à des tiers-lieux ouverts au public.

Coup de chance : la visite mensuelle est le mercredi suivant. Le même jour qu’un atelier sur l’utilisation des cafetières. Antoine, le torréfacteur de Kaffa Roastery, nous fera goûter les arômes qui ressortent en utilisant des cafetières Chemex, Aeropress, à piston…

La semaine suivante, nous faisons connaissance avec les résident·es de cette ancienne usine de moteurs à l’heure du déjeuner, dehors, au soleil. On a rencontré Céline qui s’occupe de la programmation et nous en dit davantage ce qu’il s’y passe. Ça tombe bien, Thomas a envie de proposer des ateliers. On échange nos contacts.

Sébastien nous accueille ensuite pour la visite mensuelle. Il est le seul salarié du lieu, et se charge de son animation, de la coordination entre les groupes de travail (composés de bénévoles). Il nous montre les lieux, l’atelier des charpentiers et des céramistes. On croise quelques visages qui nous renvoient des sourires.

On finit autour d’un thé, sur les canapés à poser toutes nos questions. On s’y sent tellement bien qu’on y travaille le reste de l’après-midi. Quand on en repart, on se sent chez nous, on a envie de trainer avec ces gens.

De toutes façons, on se reverra.

Écosophie : écologie environnementale, sociale, mentale

Severine, une de nos amies récemment installée à Crest, me prête un exemplaire de la revue Chimères, suite à une discussion sur la permaculture. J’avais été intriguée par une personne croisée quelques semaines auparavant qui en avait parlé sous l’angle humain. Comment transposer dans sa vie, ses choix et le chemin qu’on trace des principes permacoles ? Jusqu’ici, je me suis sentie assez déconnectée de la nature. Je n’en suis pas particulièrement fière. J’aimerais apprendre à la réinviter dans mon quotidien, mieux vivre avec elle.

Voici des notes de lecture qui se rapportent à ce qu’on avait dans la tête lors de notre séjour. Les multiples dimensions d’une crise ‘écologique’, une écologie des émotions… Une nouvelle manière d’habiter le monde qui nous entoure.

La crise écologique renvoie à une crise plus générale, du social, du politique et de l’existentiel. Ce qui se trouve mis en cause ici, c’est une sorte de révolution des mentalités afin qu’elles cessent de cautionner un certain type de développement fondé sur un productivisme ayant perdu toute finalité humaine. Félix Guattari (Chimères numéro 11, “Écosophie”)

‘Les Trois Écologies’ proposent un nouveau profil de citoyen, artiste, travaillant en permanence à ajuster son projet de vie, à élaborer les règles définissant sa professionalité et à fabriquer en actes son éthique. Anne Querrien

Nouvelles pratiques du soi dans le rapport à l’autre, à l’étranger et à la Terre. Anne Querrien

L’écosophie rassemble transversalement des propositions qui adoptent des postures expérimentales, expérimentatrices, inventives et créatrices, et pas simplement critiques et réactives. Anne Querrien

Les autres rencontres

On repart avec quoi ?

Comprendre son rythme C’est la première étape où on reste plus d’une semaine à un endroit donné. Après nos 3 premiers mois d’itinérance, on commence à sentir la fatigue s’installer. On décide ensemble de ralentir la cadence. On verra moins d’endroits, mais on saura mieux profiter de chaque étape.

Ça permet à Noémie de comprendre une chose importante pour elle : ce rythme lui est bien plus adapté car elle met quelques jours à prendre ses marques. Elle a besoin de ce temps d’adaptation pour pouvoir ensuite susciter des rencontres, s’inscrire à des ateliers…

Alors, la “petite ville” ? Finalement, on se sent moins contraints que ce qu’on imaginait. Noémie trouve ici des éléments importants de son bien-être au quotidien. Des cafés, une bibliothèque, un cinéma… L’essentiel y est.

L’importance du vivant C’est à travers les rencontres qu’on a compris ça. Crest a une vue qui t’ancre dans la nature. Mais il s’y passe aussi des choses avec quelques bouts de ficelles, par la volonté et l’envie de quelques personnes.

Au final, cette multitude donne un caractère vivant à la ville. On apprend que c’est ce qui nous attire le plus ici, cette vie. Ça nous fait dépasser le critère démographique — Valence, la “grande ville” avoisinante ne nous fait pas du tout le même effet. Il se passe quelque chose à Crest (et dans la vallée), on le sent.

Un petit goût de reviens-y Le soupçon qu’on pourrait se sentir bien, à vivre ici : un mélange de travail, ami·es, nature et miam qui ne demande qu’à se confirmer (et qui n’a jamais été aussi présent). On n’a que peu exploré la nature environnante, on part avec le regret de ne pas davantage trainé nos chaussures sur les sentiers de randonnée.

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