Dorchester → Bristol → Paris → Bordeaux
Sauts d'échelles, retour en France.
Podcasts écoutés 🎧
- Entre - épisode 4
- Présages - Hélène Le Teno
- The Daily - Friday March 23rd, Racism’s Punishing Reach.
- Southbank Centre podcasts - Chimamanda Ngozi Adichie and Reni Eddo-Lodge in conversation at Women of the World.
- La Poudre - Episode bonus ‘Cervyx’ sur les violences gynécologiques et obstétricales.
- Un podcast à soi - Le gynécologue et la sorcière
- TED Radio Hour - npr - The Consequences of Racism
- Les pieds sur terre - On est tous le cheminot de quelqu’un d’autre.
- Par les temps qui courent - Wajdi Mouawad
- A voix nue - Eric Hazan, une maison d’édition politique au sens fort du terme.
Livres lus et en cours 📖
- Jean-Laurent Cassely - La révolte des premiers de classe Déçue par celui-ci. Lu d’une traite, je n’ai pas appris grand-chose, et ça frise avec des visions un peu réac sur la technologie, en tous cas une perspective trop binaire.
- Audre Lorde - ‘Your Silence will not protect you’
Toujours aussi riche. Je prends mon temps pour absorber. - Reni Eddo-Lodge - Why I’m no longer talking to white people about race.
Sorti en poche en Angleterre, je ne pouvais pas partir sans.
Dorchester - Bristol - Londres
Dorchester est une petite ville du Dorset pleine de charme. Quand on y a posé les pieds, on a tout de suite senti un écart de niveau de vie comparé à Weymouth et l’Ile de Portland.
Séjour surtout studieux, ponctué d’une balade (boueuse, on retrouve la neige) dans les environs.
On se prépare surtout pour la présentation de notre projet Mind the Gaps au Data for Development festival à Bristol la semaine suivante. Je suis ravie de revoir la ville avant de partir d’Angleterre, je trouve Bristol vibrante, pleine d’énergies différentes, ça nous donne l’occasion de découvrir un nouveau quartier : Stoke Bishop.
Mind the gaps
Mind the Gaps est un projet initié par un appel à projet de l’Open Data Institute qui cherchait à stimuler les échanges de projet innovants et collaboratifs entre la France et l’Angleterre.
En étudiant Bristol et Bordeaux, ville jumelées avec énormément de points communs et de quartiers contrastés, nous avons cherché à comprendre comment les villes mesurent les inégalités. Nous avons rapidement compris que les jeux de données ont des trous béants et ne représentent pas la totalité de la population.
Nous avons aussi compris que les deux villes fonctionnent différemment pour mesurer ces choses :
- Bristol, dès 2001, a mis en place un sondage sur la qualité de vie - the Quality of Life survey - qui donne un jeu de données historique intéressant.
- Bordeaux a des mairies de quartier et des chargés de proximité, qui compilent et retranscrivent les demandes et les plaintes des habitants.
Ces deux modèles ont des avantages et des inconvénients.
Les participants au sondage sont souvent de classe moyenne, plus engagés dans la vie de la ville que d’autres franges de la population.
Eternelles questions : comment va-t-on récolter les informations sur la qualité de vie des plus démunis ?
Ceux qui n’ont pas la possibilité ou l’envie de répondre à une enquête sur un ordinateur ?
On retrouve les enjeux de représentativité à tous les coins de rue.
En France, ce sont les jeux de données qui pêchent.
Tout ce travail de proximité est une richesse pour le quartier - en termes d’information mais aussi de contact au quotidien. Un chargé de proximité est bien plus à même de comprendre la complexité des questions.
Mais une fois ce savoir collecté, comment le transcrire ? Comment défendre telle ou telle demande (à la Métropole) sans aucune donnée pour étayer son propos ?
A travers Mind the Gaps, nous avons travaillé à une approche qui combine les deux démarches. Nous avons pris les points forts de chaque ville pour en noter les grandes lignes, et permettre de s’approprier ces méthodes pour les appliquer soi-même, quel que soit le contexte. On applique une recherche ‘mixed methods’ (quantitative et qualitative) pour nourrir les décisions.
Au Data for Development festival, une initiative des Nations Unies, on se retrouve parmi un public de diplomates. Inhabituel.
On a noté avec beaucoup de plaisir leurs questions sur l’application de ce système hors de villes, dans des contextes ruraux, leurs retours d’expérience sur la collecte de données sur le terrain…
Retour express à Londres
On découvre le nouvel appartement de Basile, qui nous héberge encore pendant cette nuit de pré-départ. Il nous offre un petit déjeuner d’anthologie (fromage, halloumi, jus de fruit) avant notre Eurostar de retour.
Paris - Bordeaux
On quitte l’Angleterre LE JOUR DES 35 ANS DE THOMAS. Emotion. Lorsqu’il est arrivé, il avait fêté ses 30 ans. Jolie boucle.
On fête ça avec une sortie en règle chez Martin - boire et manger avec Olivier. Eperlans frits, bouillon coco, meatballs, brownie tahini halva…
Juste avant de partir pour Bordeaux, on rencontre Valentin d’Open Source Politics. Notre premier ‘vrai’ entretien sur la route. On parle de démocratie essouflée, de technologie et de communs, de silos, d’équilibre. Un article plus détaillé sur nos discussions est en cours d’écriture - à venir dans quelques jours.
A Bordeaux, on poursuit notre recherche de terrain pour Mind the Gaps.
(Il pleut - tentative de réparation d’une imprimante dans un cyber café. On m’appelle ‘la stagiaire’. Call me the printern.)
On est hébergés chez Romain, Christophe et leur chat Cannelle qui vient réclamer des câlins en projetant sa tête sur la nôtre et est une vraie machine à ronrons.
On croise Sophie, une amie de Thomas, au détour d’une rue. Elle vient de sortir un livre.
Ça fait tout drôle d’être de retour en France, c’est étrange et familier, c’est doux.
Une disparition
Je retourne à Paris le temps d’une journée pour l’enterrement de ma grand-mère. Elle est décédée quelques jours plus tôt.
Des tas de souvenirs de ses odeurs, de son rire et de sa douceur reviennent, même si on a perdu contact depuis un moment.
Nous sommes tous rassemblés (en fait, c’est assez rare) pour honorer sa vie dans une église à Ville d’Avray. Pendant la cérémonie, je monte avec mon frère, ma sœur et mes cousins pour lire un texte. “Et transmettre ce que nous avons gardé d’elle”.
Le cercueil est tout petit, c’est une sensation très étrange. Ma grande sœur Elodie est assise à côté de moi, enceinte de 5 mois. J’ai rarement ressenti aussi viscéralement l’idée de génération.
Une fois la cérémonie finie, on se dirige tous vers le cimetière, et le cercueil est descendu dans le caveau. La réalité de la mort à ce moment précis est encore plus frappante. Un grand rayon de soleil perce les nuages. On repart chacun avec une rose pale dans les mains.
Il y a de la tristesse et de l’amertume contrastées avec une chaleur humaine éclatante.
Cette grand-mère dont tout le monde admirait l’élégance (et le chignon), qui nous a appris à faire des choses de nos mains, vivait avec ‘quelques ronces dans le cœur’ et je la porte avec moi, je ressasse ce qu’elle nous a transmis, les images que j’ai d’elle.
Montpellier, La Cagette et l’Intercoop
A venir !